Réinventer la jardinerie - Comment les jardineries peuvent s'adapter aux nouveaux défis de la consommation ?

Depuis plusieurs mois, le secteur du jardin connaît une véritable effervescence, avec une multitude d’informations émergentes sur la transformation des jardineries. Face à un contexte économique et des consommateurs en mutation, il est essentiel de s'interroger sur l’avenir de ces espaces. Les tendances récentes soulignent l'importance d’adapter les modèles traditionnels pour répondre aux nouvelles aspirations des clients en matière d'expérience, de durabilité et d'engagement local.
Dans cette optique, Floramedia vous propose un article récapitulatif qui synthétise ces réflexions autour des jardineries de demain. Découvrez comment ces points de vente peuvent se réinventer pour devenir des destinations incontournables, alliant expertise, convivialité et enjeux environnementaux.
En 2024, une croissance modérée : entre arbitrages budgétaires et consommation opportuniste
Le baromètre BPCE 2025 met en lumière une croissance modérée de la consommation en 2024, marquée par des arbitrages budgétaires et une évolution vers la consommation d’opportunité.
L’année 2024 a été en forte tension sur le pouvoir d’achat et révèlatrice de la quête de bas prix des Français pour continuer à consommer. Ce constat se confirme par le top 10 des enseignes dans lesquelles les Français ont le plus dépensé en 2024, classement de Circana France. En effet, les enseignes du top 3 illustrent la forte tension sur le pouvoir d’achat (Shein +12% / Temu + 11% et Vinted (+6%). Il est également important de noter que 6 de ces enseignes sur 10, sont des acteurs 100% digitaux, ce qui en dit long sur les bouleversements massifs des façons d'acheter. (2)
Néanmoins, si les consommateurs recherchent des économies, ils sont aussi en quête d’évasion, d’expériences immersives et de valeurs fortes, notamment en matière de durabilité et de bien-être. Les secteurs qui offrent aux consommateurs une échappatoire au quotidien se portent également bien, incluant les loisirs. En 2024, les dépenses dans les activités touristiques, culturelles et de loisirs ont augmenté de 20%.
En 2025, la stagnation de la consommation en France impose aux acteurs de tous secteurs - dont le secteur du jardin - de se réinventer pour capter l’attention des consommateurs et stimuler les achats.
Objectif 2025 : transformer la jardinerie en destination incontournable
La jardinerie, qui conjugue nature, évasion et plaisir, continue de séduire les jardiniers amateurs. Ce modèle de distribution est toujours reconnu pour son expertise et sa diversité d’offre. Ainsi, les Jardineries et Animaleries de France soutiennent que les particuliers considèrent les végétaux comme essentiels à leur bien-être. (1)
Néanmoins, face à une consommation générale plus prudente, des achats de végétaux plus lissés sur l’année et une contraction du nombre d'acheteurs occasionnels : les jardineries doivent capitaliser sur les nouvelles attentes des consommateurs pour renforcer leur attractivité et dynamiser leurs ventes.
1. Transformer son expérience en magasin
Pour s’adapter à une consommation en pleine mutation, les jardineries peuvent évoluer au-delà de leur rôle traditionnel de points de vente. En devenant des espaces vivants où l’on découvre, apprend, partage, elles répondent aux attentes des consommateurs en quête de sens. Valoriser des thématiques actuelles, comme la biodiversité, la gestion des ressources et la transition climatique peut renforcer leur attractivité. Selon LeMag #9 JDC, les jardineries ont tout intérêt à se transformer en véritables “hubs verts” ou “végépoles”, inspirant une approche plus vivante et durable du jardin.
La digitalisation du parcours client peut également être un des leviers de transformation à renforcer en points de vente spécialisés. Selon le baromètre BPCE 2025, le e-commerce retrouve son élan. Après un essor fulgurant durant les confinements, suivi d’un plateau entre 2021 et 2023, il repart à la hausse en 2024 et atteint désormais 28 % des dépenses (+1 point par rapport aux années précédentes). Les achats en ligne des Français augmentent de +7,4 % en 2024, contre seulement +1,7 % pour les magasins physiques.
En parallèle, PROMOJARDIN-PROANIMAL souligne le fait que le numérique prend plus en plus de place dans les habitudes d’achat en B2B sur le secteur du jardin et de l’animalerie (4). Ce constat est identique chez les particuliers. En effet, selon le “Bilan du e-commerce en France en 2024” de la FEVAD, “en 2024, la part du e-commerce dans le commerce de détail progresse à 11%, confirmant son ancrage dans les habitudes de consommation.”
2. Tendre à une évolution de son offre
Les jardineries jouent un rôle de premier plan face à l’urgence climatique. Selon LeMag #9 JDC elles sont les “rares commerces capables de proposer des produits à impact positif, tout en incitant à des pratiques responsables et à la préservation de l’environnement”.
En ce sens, proposer un service de location d’outils et de matériel de jardinage pourrait être une solution intéressante pour répondre aux attentes des clients, souvent freinés par l’investissement que peuvent représenter ces équipements. Cette initiative permettrait non seulement de promouvoir un jardinage plus durable et accessible, d’élargir l’audience en le rendant plus abordable, tout en renforçant la fidélité des clients via une solution d’abonnement.
L’embellissement du cocon domestique, l’un des grands gagnants de l’ère Covid, subit aujourd’hui les arbitrages budgétaires des consommateurs français. En 2024, pour leurs grands projets Maison, les ménages se tournent désormais vers les petits prix. “Dans la mode ou dans le secteur bricolage, aménagement et décoration, les dépenses dans les enseignes traditionnelles du secteur ont reculé de -3 % en 2024, tandis qu’elles progressaient de +8 % dans les enseignes discount.” - selon le baromètre BPCE 2025.
Manuel Rucar dans LeMag #9 JDC affirme également que “les produits consommables sont attendus avec le prix le plus bas possible et les produits de qualité semblent manquer, voire introuvable!”. Aujourd’hui, les consommateurs jugent les “vastes gammes de moyenne gamme, trop chers pour la durabilité proposée”.
Ces analyses, en accord avec celle de Circana France, mentionnée précédemment, mettent en évidence la façon dont les consommateurs apprécient le coût d’une solution en fonction des besoins et des projets qui motivent leur achat. Pour répondre à ces attentes, les jardineries pourraient ajuster leur offre en proposant une segmentation tarifaire plus marquée, incluant à la fois des produits “petit prix” et des options “premium”, y compris pour les végétaux.
Selon PROMOJARDIN-PROMOANIMALERIE proposer des “packs avantageux (ex : terreau + semences, alimentation + accessoires)” pourrait être intéressants à mettre en place. (3)
3. Jouer sur l’ancrage local de son point de vente
L’ancrage territorial des jardineries constitue un atout majeur pour leur développement. D’après les Tendances 2024/2025 Floramedia présentée au Salon Du Végétal 2024, la dimension collective devient un facteur essentiel dans l’économie globale.
Selon LeMag #9 JDC, pour renforcer leur rôle au sein de la vie locale, elles gagneraient à organiser des ateliers pédagogiques et des formations adaptées aux besoins de leur clientèle, ou encore à collaborer avec les écoles pour sensibiliser les plus jeunes au jardinage. Elles pourraient également mettre à disposition des espaces où les habitants cultivent leurs propres fruits et légumes.
Cette vision est également partagée par Manuel Rucar dans son concept de jardinerie du futur, RENATURA, présenté au Salon du Végétal 2024, qui envisage la jardinerie comme un véritable lieu de vie, favorisant les échanges et le lien social au sein de la communauté locale.

En conclusion
Face à une consommation en mutation, marquée par des arbitrages budgétaires et une constante montée en puissance du digital, les jardineries doivent repenser leur modèle pour rester attractives. En misant sur une expérience client immersive, une offre plus flexible et segmentée, et un fort ancrage local : elles peuvent transformer ces défis en opportunités.
L’évolution vers des espaces de vie et de partage, la digitalisation du parcours client et la diversification des services, sont autant de leviers pour capter l’attention des consommateurs.
Plus qu’un simple lieu d’achat, la jardinerie de demain doit devenir une destination incontournable, où nature, bien-être et engagement environnemental se rejoignent pour répondre aux nouvelles attentes des Français.

Sorel Michelet
Responsable Marketing & Communication
Responsable marketing et communication chez Floramedia, je suis à l’écoute des besoins des acteurs du marché horticole. Persuadée que la connaissance client est un atout majeur pour les marques, je suis en veille sur les chiffres du marché et sur les tendances de consommation. Passionnée par l’expérience client, je développe des concepts de marketing et de communication, avec une approche inspirée client, qui engagent l’émotionnel.
Sources
(1) http://bit.ly/4gUfq3f
(2) https://bit.ly/3XjdmLn
(3) https://bit.ly/4hMP58y
(4) https://bit.ly/4hdk10R
(5) https://issuu.com/infopro/docs/lemag_9_bd
Crédits photos
© Adobe
© TCHUNGLE
© LE JARDINIER DE MONTMARTRE
© Unsplash
LA NEWSLETTER
Vous êtes passionné du marché végétal ?
Abonnez-vous à la newsletter mensuelle Floramedia