Végétalisation urbaine : repenser la nature en ville au-delà des arbres

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Face au changement climatique, aux vagues de chaleur et aux sécheresses de plus en plus fréquentes, la végétalisation des villes s’impose comme une réponse essentielle. Conception d’îlots de fraîcheur, désimperméabilisation des sols, renaturation… autant de leviers pour adapter nos espaces urbains.
Dans des villes toujours plus denses, avec des sols saturés de réseaux et peu de pleine terre, l’arbre rencontre aujourd’hui des limites structurelles majeures. Pérennité incertaine, mauvais traitements (taille répétée, stress hydrique), choix variétaux inadaptés… Les défis sont nombreux, d’autant que la mise en place d’un arbre nécessite des moyens importants, du temps, et une anticipation sur le long terme. Il faut parfois attendre 20 ou 30 ans avant qu’un arbre procure un réel effet de fraîcheur, et ses premières années sont décisives pour sa survie.
Alors que les contraintes techniques, économiques et climatiques se multiplient, il devient urgent de se poser la question : l’arbre est-il toujours la meilleure option en matière de végétalisation urbaine ? Et surtout, vers quelles alternatives végétales se tourner pour inventer une nouvelle nature en ville, plus souple, plus résiliente, plus adaptée à nos défis contemporains ?
1. La bonne plante, au bon endroit, pour le bon usage
Végétaliser la ville ne signifie pas planter à tout va. Les espaces urbains sont nombreux, variés, souvent contraints, et tous ne sont pas adaptés à l’accueil d’un arbre. C’est pourquoi il devient essentiel d’adopter une approche plus fine et contextuelle : choisir la bonne plante, pour le bon usage, au bon endroit.
Terrains vagues, pieds d’immeubles, toits, façades, interstices oubliés… La ville regorge de lieux délaissés, sous-utilisés, au fort potentiel de végétalisation. Inspirés par des initiatives comme les Pocket Parks à New York, il est possible d’imaginer une multitude de micro-interventions végétales, là où l’arbre ne pourrait jamais prendre racine. Certaines communes, comme Saint-Julien-Molin-Molette (42), s’emparent déjà de ces enjeux à travers une gestion différenciée des espaces publics. L’entretien n’y est plus uniforme mais adapté à chaque type d’espace et d’usage, en acceptant la présence de la végétation spontanée.
Dans cette logique, certaines strates végétales mériteraient d’être explorées. La strate arbustive, par exemple, est souvent ignorée, faute de connaissance ou de reconnaissance. Et pourtant, dans les petits espaces ou en accompagnement d’autres plantations, les arbustes offrent un potentiel immense.
Autre ressource sous-exploitée : les plantes grimpantes et les lianes. Trop souvent cantonnées aux grillages et claustras, elles peuvent pourtant coloniser une grande variété de supports verticaux, contribuant à l’isolation des bâtiments, à la création d’ombre, et à l’embellissement du cadre de vie. Leur capacité à investir l’espace aérien, avec une emprise au sol minimale, en fait des alliées de choix dans une ville dense et minérale.

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2. Les grimpantes en ville, des alliées puissantes
Dans un environnement urbain contraint, les plantes grimpantes se révèlent être de précieuses alliées. Capables de se développer dans peu de sol, elles tirent parti des moindres interstices pour s’installer. Cette famille végétale, étonnamment diversifiée, offre une grande adaptabilité : exposition, vent, ombre, sol sec… il existe presque toujours une grimpante adaptée à chaque situation.
Les grimpantes se distinguent avant tout par leur relation au support. En milieu urbain, le support est partout : murs, poteaux, garde-corps, structures métalliques, grillages, façades. La ville devient le support en lui-même.
Encore une fois, il ne s’agit pas de choisir une espèce uniquement sur ses critères esthétiques, mais de réfléchir de manière globale : mode de fixation, architecture de la plante, zone climatique et contraintes du lieu, usage (ombrager, occulter, décorer, etc.). Penser la palette végétale à travers son usage ou le besoin auquel elle répond lui permet de devenir une pièce à part entière du projet urbain.

En conclusion
Réinventer la nature en ville ne passe pas forcément par de grands actes, mais par une somme de choix réfléchis et ancrés dans le réel. Cela suppose de diversifier notre regard sur le végétal et d’explorer les différentes strates : herbacées, arbustives, grimpantes… Ces plantes, souvent discrètes, sont pourtant capables de transformer en profondeur nos paysages urbains.
L’enjeu est d’intégrer du végétal en zone urbaine en pensant à des palettes plus diversifiées, des floraisons échelonnées, une gestion différenciée des espaces, ou encore des usages pensés dès la conception. Ce n’est qu’en intégrant le végétal comme une véritable composante du projet urbain que nous pourrons construire une ville plus fraîche, plus vivante et plus résiliente.

Cécile Phulpin
Responsable Botanique
Responsable botanique chez Floramedia, je suis aussi l’interlocutrice dédiée à la Picture Library, la photothèque de Floramedia. Attentive aux tendances et aux innovations variétales, je nourris ma veille en participant à des conférences, expositions et salons professionnels en France et en Europe. Passionnée par le végétal et amoureuse du jardin, je cultive une approche à la fois inspirée et engagée.
Sources
Fayolle, Pascal. « Les critères de choix de la palette végétale de demain ne seront pas tous ceux d’hier ! », Le Lien Horticole. Avril 2025, n°1144. p. 42-43.
Javoy, Marie-Laure, 2024, Au-delà des arbres, quelle palette végétale pour rafraichir la ville ?, Salon du Végétal, Angers.
Javoy Pépinières, Les plantes grimpantes autrement, Veìr Magazine. 2024.
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